Bêcher ou ne pas bêcher ? Telle est la question…

Au jardin potager, le travail du sol et les semis se font à faible profondeur (moins de 20 cm), dans la couche arable du sol. Bêcher permet de décompacter la terre, d’incorporer du compost ou du fumier et d’éliminer manuellement les racines des « mauvaises » herbes (aucune plante n’étant réellement mauvaise, je préfère parler de plantes « indésirables au jardin »).

Le bêchage, fatigant et inutile ?

Oui mais voilà… Bêcher, c’est long, c’est pénible et ça fait mal au dos ! De plus en plus de jardiniers se tournent donc vers le non-labour qui, outre le gain de temps et de fatigue, ne chamboule pas l’agencement des différentes strates du sol et préserve du même coup la vie microbienne souterraine. Les vers de terre reprennent ainsi leur rôle d’auxiliaire privilégié du jardinier : en creusant des galeries, ils aèrent le terrain, incorporent les résidus végétaux à la terre et facilitent leur décomposition en humus.

Le non labour est-il la solution ?

Je suis très tentée par le non-labour, mais je rencontre actuellement plusieurs difficultés… Ma terre de jardin est argileuse et très lourde. Elle se tasse rapidement, surtout à proximité des légumes auprès desquels on piétine fréquemment la terre lors de la récolte (courgettes, tomates, haricots…). D’autre part, le chiendent se plait à coloniser mon jardin. Cette « mauvaise » herbe, difficile à extirper, étend discrètement et rapidement son territoire grâce à ses longues racines blanches souterraines. Et enfin, mes tentatives de paillage se sont transformées en de splendides hôtels à limaces… Echec !

J’ai donc finalement opté pour une solution intermédiaire : je bêche une fois par an (au printemps) et je passe régulièrement la binette pour freiner les ardeurs des mauvaises herbes. Lors des récoltes et des désherbages, je laisse toutes les parties non consommables (racines, feuillage…) sur le sol pour qu’elles se décomposent entre les lignes de légumes. Cela crée un couvert végétal qui limite le développement des adventices (= les mauvaises herbes) et maintient la terre humide.

Attention : n’utilisez pas les plantes malades ni celles montées à graines pour pailler vos plantations.

Des engrais verts comme plantes couvre-sol

Pour que la terre ne reste pas nue entre deux cultures, je sème de la phacélie. De croissance rapide, cet engrais vert fleurit en 6 à 8 semaines et attire de nombreux insectes pollinisateurs. Un simple passage de râteau suffit à la déraciner.

Laissez-la ensuite sécher sur le sol. Sa décomposition va attirer et nourrir la faune souterraine, en particulier les vers de terre qui vont creuser d’innombrables galeries pour enfouir cette masse végétale. Ainsi enrichi et décompacté en profondeur, le sol devient plus fertile et plus facile à travailler.

Un bémol toutefois : la phacélie produit de nombreuses graines et se ressème facilement. Fauchez-la avant la montée à graines.

La floraison de la phacélie attire les abeilles
et autres insectes pollinisateurs comme les bourdons.

De nouvelles voies à explorer : la permaculture et la culture sur mulch

Fin 2014, j’ai commandé le livre de Dominique Soltner : « Guide du nouveau jardinage : Sans travail du sol, sur couvertures et composts végétaux » (lien partenaire Amazon). Je l’ai dévoré en pensant à chaque page : « mais oui ! c’est évident… pourquoi n’ai-je pas essayé plus tôt ? ».

Le principe est simple : broyer toutes sortes de végétaux (le mulch) et les laisser se décomposer à même le sol, tout au long de l’année.

Les avantages de cette méthode sont nombreux :

  • le sol est toujours couvert : les mauvaises herbes ont du mal à s’installer ou à transpercer la couche de mulch
  • la couverture du sol évite la battance du sol (sol tassé par les fortes pluies)
  • la couverture du sol limite l’évaporation de l’eau et retient mieux la rosée. Le sol reste humide sous le mulch, même en été
  • un écosystème très varié se met en place : scarabées, papillons, hérisson, grenouilles, oiseaux… Cette diversité fait que les nuisibles, comme les limaces par exemple, ont un prédateur. Leur population est donc contenue.
  • le mulch attire en nombre les vers de terre, qui y trouvent une profusion de nourriture à décomposer et à enfouir. Ils décompactent ainsi la terre en profondeur en enfouissant les résidus. La terre devient souple et riche. Un vrai compost !
  • à chaque fois que l’on cueille un légume, on laisse les restes du plant (racines, feuilles…) se décomposer sur et dans le sol pour nourrir les vers de terre.

Quelques inconvénients tout de même :

  • les premiers mois, les limaces sont en surnombre ! Les prédateurs ne sont pas encore là et le paillage leur sert d’hôtel
  • il faut également quelques mois pour que les vers de terre parviennent à ameublir la terre (surtout quand on part d’une friche à la terre compactée par le piétinement, comme c’était mon cas)
  • les mauvaises herbes tentent de reprendre le contrôle, mais on arrive facilement à les extirper

En ce début 2015, je teste actuellement la culture sur mulch sur une surface d’environ 20m². Avec des résultats encourageants, et quelques déceptions aussi. Compte rendu détaillé très bientôt !