De nombreux lecteurs m’avaient demandé mon avis sur les fourches « écologiques » de type grelinette mais comme je n’utilisais pas cet outil jusque là, je ne pouvais pas répondre. Cette année, j’ai testé l’une de ces fourches « bio » pour préparer le jardin avant les premiers semis. Voici donc mon avis sur la question.

Bêchage conventionnel ou pas ?

En bêchage traditionnel, on enfonce la bêche ou la fourche-bêche sur 20 à 25 cm de profondeur puis on retourne les blocs de terre en les émiettant plus ou moins grossièrement. Cette technique conventionnelle fonctionne plutôt bien puisqu’elle permet d’extirper les racines des mauvaises herbes et d’ameublir la terre. Et admettons-le : elle est utilisée depuis plusieurs générations avec succès.

Mais… elle est contraignante et épuisante.

Pour résoudre le problème de la fatigue, nombreux sont les jardiniers amateurs qui se sont équipés d’une motobineuse ou d’un motoculteur qui permet de travailler la terre en un temps record et avec un effort limité. Mais là encore, la solution n’est pas optimale : c’est un engin assez lourd, coûteux et bruyant.

Pourquoi la grelinette est-elle qualifiée d’écologique ou « bio » ?

Non seulement le bêchage casse les reins du jardinier mais en plus il perturbe la vie des organismes du sol. En effet, certains organismes qui normalement vivent enfouis dans le sol se retrouvent à l’air libre, et vice versa.

A l’inverse, les fourches écologiques de type grelinette permettent de travailler la terre en profondeur mais, et c’est là tout son intérêt, sans retourner la terre ! Le jardinier y trouve son compte, de même que les micro-organismes du sol.

Comme les différentes couches de terre ne sont pas chamboulées, un certain équilibre s’instaure au fil des saisons et des années. Les insectes, bestioles et autres bactéries en tout genre n’ont pas à se réadapter après chaque bêchage. Ils sont beaucoup moins perturbés par l’intervention du jardinier et peuvent agir plus efficacement pour améliorer la nature du terrain.

On se rapproche alors du fonctionnement et de l’équilibre des terres non travaillées par l’homme, comme le sol des forêts par exemple. Chaque couche de terre et ses habitants participent à la décomposition de la matière organique pour produire de l’humus et favoriser le développement du complexe argilo-humique, mélange stable d’argile et d’humus qui rend les sols fertiles et moins sensibles aux intempéries.

Description d’une fourche écologique

Déjà, commençons par une rapide description de l’engin :

La fourche à bêcher ressemble à une fourche bêche classique, avec des dents espacées d’une dizaine de centimètres, à la différence qu’elle possède 2 manches. C’est grâce à ces 2 manches et à l’effet de levier que le jardinier va pouvoir travailler la terre sans trop se fatiguer.

Le modèle que j’ai utilisé est celui de la marque française Ducoterre, basée à Dardilly près de Lyon. En réalité, j’ai utilisé 2 modèles : l’un à 4 dents pour travailler une parcelle à la terre fine et souple, et une autre à 3 dents pour ameublir un jardin à la terre argileuse et lourde. La marque Ducoterre propose en tout 4 modèles : 3, 4, 5 ou 7 dents.

Détail intéressant : l’espacement en haut des 2 manches est identique quelque soit le nombre de dents. Le jardinier retrouve ainsi ses marques facilement. Un bon point concernant l’ergonomie de l’outil.

La finition est excellente : soudures, peinture, qualité des manches… rien à redire !

De l’importance du bon geste !

Je n’ai pas été très efficace durant les premières minutes. Il faut en effet acquérir ce nouveau geste, cette nouvelle façon de travailler la terre relativement différente de la technique du bêchage conventionnel.

Impatiente de tester l’outil, je n’avais pas lu la mini notice fournie avec l’outil… Un peu de lecture ne nuit jamais !

La notice fournie avec la grelinette

Et forcément, avec le bon geste, ça marche beaucoup mieux…

Gros avantage : on ne force presque pas. On ne soulève rien, contrairement au bêchage traditionnel. On se contente de planter l’outil, on recule, on secoue et on fait glisser la grelinette sur le sol pour la replanter un peu plus loin. Donc au final, même si l’outil est lourd, ce n’est pas un handicap puisqu’on ne le soulève jamais. Le poids est au contraire un gage de solidité et de longévité.

Le geste est beaucoup moins pénible. Je n’ai pas eu mal au dos, même après plus de 2 heures de travail. Je n’irais pas jusqu’à dire que le bêchage devient un plaisir (quand même pas ^^) mais le gain en confort est indéniable.

Attention de bien garder le dos droit, comme sur les photos de la notice.

Au final, ça marche la grelinette ?

Alors, est-ce si efficace ? La réponse est OUI dans la plupart des cas.

Précision importante : les photos ci-dessous montrent le résultat une fois que j’ai enlevé les mauvaises herbes, soit à la main soit avec un râteau. En effet, la grelinette est performante mais pas magique : les mauvaises herbes ne se sauvent pas rien qu’en la voyant arriver dans le jardin ^_^

Sur une parcelle à la terre fine et souple, avec des mauvaises herbes peu nombreuses et peu enracinées, le résultat est génial ! La fourche pénètre facilement dans le sol, le mouvement de levier est facile à faire et au final on obtient une terre décompactée et finement émiettée. Le travail est très rapide et la parcelle peut être mise en culture immédiatement.

Dans la même terre, mais avec un peu plus de mauvaises herbes de type « pelouse », le geste de levier demande un peu plus d’efforts, mais rien de bien méchant. Une fois la terre décompactée, les mauvaises herbes s’extirpent sans mal, racines comprises. Là encore, le résultat est sympa, avec une terre fine directement disponible pour les semis.

Passons maintenant au jardin à la terre argileuse. Là où le chiendent est peu implanté, ça passe :

Si la terre n’est ni trop humide ni trop sèche, le résultat est bon et on obtient une terre assez bien émiettée. Il faut tout de même repasser un petit coup de rateau pour affiner la surface. C’est le gros problème des terres argileuses : elles sont extrêmement fertiles mais difficiles à travailler si les conditions d’humidité ne sont pas optimales.

Le travail est en tout cas plus facile qu’avec la bêche traditionnelle, sauf en bordures, là où le chiendent et les renoncules ont réussi à gagner du terrain grâce à leurs racines et leurs stolons bien ancrés dans le sol. Pour ces quelques zones, je suis revenue à la fourche bêche.

Au final, j’ai définitivement adopté la grelinette. Le modèle testé est solide, facile à manier, plus rapide et moins fatigant que la bêche traditionnelle. Cela me permettra d’entretenir le jardin plus régulièrement que je ne le fais actuellement et ainsi limiter la propagation des mauvaises herbes.

Pour plus d’infos sur ce modèle de fourche à bêcher écologique, je vous invite à visiter le site de l’entreprise Ducoterre. Vous trouverez entre autre un lien vers une vidéo de démonstration en bas de cette page.