Au printemps 2015, j’ai pour la première fois essayé de cultiver sous serre, ou plus exactement sous un tunnel de jardin.
Mis à part quelques essais de semis dans un minuscule châssis en bois, je n’avais jamais cultivé sous serre, essentiellement par flemme mais aussi parce que je pensais que cela tenait plus du gadget « commercial » pas forcément utile. Et bien je me trompais !
A quoi sert une serre de jardin ?
Le but d’une serre ou d’un tunnel de jardin est de protéger vos semis et vos jeunes plants des éléments extérieurs lors des périodes de froid et de mauvais temps. L’objectif est de créer un micro-climat, en limitant les impacts du gel, des fortes précipitations ou encore de la neige.
Les serres et châssis sont donc utiles essentiellement au printemps et en fin d’automne, voire en hiver pour protéger les légumes qui supportent des gelées modérées (épinards, radis noir, mâche…).
Une serre peut aussi s’avérer utile en été pour apporter un surplus de chaleur aux légumes ultra-sensibles à la fraîcheur ou qui demandent énormément de soleil et de chaleur pour prospérer et produire : poivron, piment, tomate…
En constituant une barrière avec l’extérieur, la serre permet également d’éviter les attaques de certaines insectes et autres bestioles : escargots, limaces, chenilles, mouches…
Quel modèle de serre choisir ?
Voici un rapide comparatif des différents modèles et matériaux que l’on peut rencontrer :
Les cloches à salades : petites, d’un diamètre d’environ 30 cm. Une cloche sert à protéger 1 salade ou un petit semis peu étendu. Il existe des cloches opaques ou teintées pour empêcher le passage de la lumière. Cela permet par exemple de faire blanchir des salades. Ces cloches sont généralement en verre ou en plastique. Elles protègent relativement bien des limaces et de petites gelées blanches. Mais pas de miracle en cas de fort gel.
Les châssis : environ 1 m². Il en existe en plastique (rigide ou souple) et en verre. L’ossature peut être en bois ou en aluminium. Très pratique pour de petits semis durant le printemps, les petits châssis évitent les attaques de limaces et limitent un peu le gel. Bien exposés au soleil, ils permettent de faire pousser rapidement des petits plans de salades.
Les serres à tomates : typiquement une serre d’été, plutôt haute et étroite. Elle permet de planter et tuteurer entre 3 et 10 plants de tomates selon les modèles. En apportant un surplus de chaleur, ce type de serre permet aux plants de se développer plus vite. Les tomates grossissent et mûrissent plus rapidement. Au vu des résultats obtenus par certains voisins, je dirais qu’on gagne près d’un mois de culture. D’autre part, si l’arrosage est bien géré et les plants pas trop serrés, les tomates seront moins sujettes au mildiou. Ces serres à tomates protègent bien les plants durant les fortes pluies orageuses qui endommagent parfois les grappes de fruits. Un avantage qui peut se transformer en bémol toutefois: en cas de grêle ou de fort vent, ces petites serres résistent mal de part leur forme haute et leur faible largeur. Elles sont bien souvent saccagées par les grêlons. A leur décharge, en cas de grêle, bien peu de choses résistent au jardin…
Les serres tunnels : là on passe aux choses sérieuses avec une surface de culture de plusieurs mètres carrés. Constituées d’arceaux en métal sur lesquels est tendue une bâche armée, ce sont des modèles solides et durables. Les serres tunnel permettent d’accélérer la culture de nombreux légumes en créant un micro-climat favorable. Plus elles sont grandes, plus leur volume est important et plus elles seront capables de « lisser » les variations de température extérieure. Elles protègent bien du gel, des intempéries et des limaces. Au printemps, les semis lèveront plus vite. En été, les légumes exigeants en chaleur auront le temps d’arriver à maturité.
Les chenilles de jardin : ce sont des serres tunnels « basses » (environ 1m de hauteur). Elles mesurent en général 1m à 1,30m de largeur, soit la largeur d’une planche de cultures au jardin. A mon goût, elles cumulent pas mal d’avantages : de taille raisonnable, elles sont faciles à monter et démonter pour les déplacer selon les besoins. Leur volume est suffisamment important pour lisser les variations de températures extérieures et leur surface utile au sol permet de semer de nombreux légumes.
Les serres en verre ou en plaques de polycarbonate : ces serres sont la plupart du temps fixes et définitives. Certaines nécessitent un permis de construire ainsi que des fondations pour leur assurer une assise solide. Très belles et décoratives, ces serres coûtent évidemment plus cher.
On trouve des dizaines de modèles en jardinerie, certains plus solides que d’autres. Je vous laisse juger sur pièce.
Personnellement, j’ai opté pour une chenille de jardin des Serres Tonneau, entreprise française fondée il y a plus d’un siècle (!!!). D’une longueur de 7,50m pour une largeur de 1,30m, elle couvre exactement une planche de mon jardin. Nickel !
Montage d’une serre tunnel (modèle « chenille » des Serres Tonneau)
J’ai reçu la serre démontée (heureusement, sinon le facteur aurait fait une drôle de tête), en 2 colis :
- les arceaux métalliques d’une part, maintenus attachés par du scotch
- la bâche et les éléments de fixation (cordes, sardines…) bien emballés dans un colis en papier kraft
Première constatation : c’est lourd !
La bâche est très épaisse. Un quadrillage métallique d’environ 1cm de côté assure la solidité de la bâche pour qu’elle résiste mieux à la traction et pour éviter les déchirures. Malgré cette armature métallique, la bâche semble bien « lumineuse » (j’entends par là qu’elle laisse bien passer la lumière du soleil).
Les arceaux métalliques sont bien lourds aussi. Ce n’est pas de la chinoiserie en aluminium qui va plier au premier coup de vent.
Le mauvais temps et la neige m’ont empêché de monter la serre durant plusieurs semaines et j’ai du attendre mi-avril pour pouvoir bêcher la terre correctement. Elle était trop humide et collante jusque là.
Première étape : bêchage préalable car le terrain était couvert de mauvaises herbes à cause de mon laisser-aller les mois précédents… Une fois la serre en place, la hauteur des arceaux et surtout la présence de la bâche ne permet plus de bêcher correctement.
Deuxième étape : prise des mesures avec un décamètre et un cordeau pour définir la meilleure position pour la serre puis positionner les arceaux tous les 1,5m. J’ai choisi de construire la chenille selon l’axe nord-sud pour exposer une grande surface de bâche à l’Est dès le matin, puis à l’Ouest le soir. Le but est de réchauffer la serre plus vite le matin et profiter des derniers rayons du soleil le soir. Un montage selon l’axe Est-Ouest (donc les grands côtés face au Sud et au Nord) aurait été possible mais j’avais peur que le soleil ne réchauffe trop la serre en cours de journée.
Avant d’être enfoncé en terre, chaque arceau est muni de 2 ou 4 sardines de fixation selon son emplacement :
- 4 sardines (2 de chaque côté de l’arceau) pour les arceaux qui supporteront les façades aux extrémités
- 2 sardines (1 de chaque côté) pour les arceaux du centre de la chenille
Ces sardines de fixation ont une forme spécifique qui fait que l’on ne peut pas se tromper au montage.
Une fois l’arceau planté en terre, la sardine ne peut plus sortir. Seule la partie arrondie affleure hors de terre ; elle permettra de retenir la bâche à l’aide de cordes.
Troisième étape : mise en place des façades
Là, j’avoue, on a un peu galéré…
Les façades sont constituées de 2 morceaux de bâche PVC en forme de demi-cercles. Ils sont munis d’un ourlet dans lequel passe une cordelette. Le schéma de montage n’était pas hyper clair et on se demandait bien comment monter ces satanées façades…
Et puis la lumière fut ! Il suffisait de faire passer la corde dans les sardines, rabattre l’ourlet par dessus l’arceau puis serrer pour mettre le tout sous tension. On a eu peur de tout déchirer mais finalement l’ourlet a fièrement tenu. (Ouf !)
Ici la façade n’est pas encore correctement positionnée à cause de l’herbe, il faut encore tendre un peu la bâche pour qu’elle épouse mieux le sol. C’est d’ailleurs à ça que sert le surplus de matière plastique : il permet de s’adapter à un sol plus ou moins irrégulier, et éventuellement utiliser un poids (brique, tuile…) pour immobiliser l’ensemble.
Quatrième et dernière étape : mise en place et fixation de la bâche PVC
Il vaut mieux être 2 pour déplier la bâche puis la déposer sur les arceaux. Comme je l’ai dis précédemment, la bâche est épaisse et assez lourde.
Une fois disposée sur les arceaux, il faut la maintenir en place à l’aide de la cordelette verte fournie. Là encore, pour notre premier montage de serre, le système de fixation n’a pas été très intuitif, et pourtant… Au final il est extrêmement simple et ingénieux.
Il suffit de couper la corde fournie à la longueur indiquée dans la notice puis nouer ces petits bouts de corde sur eux-même de manière à confectionner des cercles. Chaque « cercle de corde » va permettre de maintenir la bâche sur un arceau, simplement en le tendant sur la bâche et en le clipsant dans les sardines qui affleurent de part et d’autre à la base de l’arceau.
Au final, la bâche est solidement maintenue mais elle peut facilement coulisser sous le cordage pour aérer la serre ou jardiner. Les 2 côtés de la serre peuvent être ouverts simultanément. Il suffit de s’accroupir pour semer, travailler la terre et récolter.
Le palace à légumes est prêt ! Je n’ai pas pu résister : je me suis accroupie sous la bâche pour me mettre « dans la peau d’un légume ». Je confirme : c’est spacieux et lumineux !
En tout et pour tout, à 2 personnes, le montage nous a pris entre 1h30 et 2h.
Et on sème quoi sous cette serre ?
Tout d’abord, en cette fin avril, j’ai semé des salades (plusieurs variétés), des radis ronds et des choux. Puis début mai, j’ai déposé quelques graines de courgettes en terre. Et enfin, fin mai, j’ai repiqué des plants de concombres, melons et poivrons achetés chez un pépiniériste local.
Voici un rapide bilan pour chaque légume :
Radis : une levée très rapide, un feuillage vigoureux, des plants en excellente santé, pas d’attaques d’altises (ces minuscules coléoptères qui broutent le feuillage) mais les racines n’ont pas vraiment grossi.
Salades : whaaaa !!!!! Les semis ont levé très rapidement et les jeunes plants ont pu se développer tranquillement sans attaques de limaces. Avec un feuillage magnifique et des racines bien développées, j’ai pu repiquer de nombreux plants de salades durant l’été. Seul petit bémol : j’avais semé certaines variétés trop serrées, les plants ont vite manqué de place (je ne m’attendais pas à un telle développement). Je dois apprendre à semer plus léger sous serre.
Choux : bonne levée. Les plants de choux cabus et de choux brocolis se sont parfaitement développés. C’est lors du repiquage en plein air que les choses se sont gâtées à cause de la canicule.
Courgettes : re-whaaaa !!!!! Les plants ont grossi très rapidement, développant de grandes feuilles et de nombreuses fleurs. Je pense avoir gagné 1 mois par rapport à une culture en plein air. Et à ce jour (septembre), les plants élevés sous serre sont encore très productifs (ras le bol des courgettes ^^).
Concombres : suite au développement phénoménal des plants de courgettes, les concombres se sont retrouvés étouffés, privés d’espace et de lumière. Je leur accorderai un petit peu plus d’espace l’année prochaine, je suis sûre que le résultat sera à la hauteur.
Melons : c’est bien simple, c’est la première fois que je mange du melon récolté au jardin. Et c’était bien bon ! J’avais déjà cultivé des melons les années passées mais aucun n’était arrivé à maturité.
Poivrons : re-re-whaaaa !!!!! Près de 15 poivrons récoltés sur 3 plants, d’un calibre honorable (8-10 cm de haut environ). Beaucoup de fleurs.
Culture sous serre : le résultat en images
Toutes les photos ont été prises entre avril et juillet 2015, certaines lorsque la serre était en place, d’autres quelques jours après avoir enlevé la serre (à cause de la canicule).
Salades au premier plan, courgettes et concombres au fond.
La terre est craquelée car je n’arrose pas à cet endroit pour que le melon ne pourrisse pas au contact du sol.
Point positif : aucun trou dans le feuillage : pas d’altises !
Mais j’ai semé un peu serré…
on distingue le feuillage d’un plant de poivron en haut à gauche.
Et les limaces dans tout ça ?
Gniark gniark gniark ! Je vous ai bien eu viles baveuses ^^
Figurez-vous que les limaces s’approchaient de la serre mais elles n’ont jamais vraiment compris comment se faufiler sous la bâche, à part quelques spécimens rusés ou chanceux qui y sont parvenus. Au final, seules quelques feuilles ont été broutées, mais rien de bien dommageable.
Concernant les autres animaux, j’ai bien pris garde de fermer tous les accès à la serre en mettant la bâche en contact avec le sol pour ne passer laisser d’interstices par lesquels un chat, un oiseau ou un hérisson aurait pu se faufiler et se retrouver pris au piège, incapable de sortir de ce « piège » en mon absence. Aucun prisonnier à déplorer.
Bilan de cette année de culture sous serre
Pour un premier essai, je suis 100% conquise ! Et j’en viens à regretter de n’avoir pu construire la serre que fin avril.
Au final, la quasi-totalité des cultures ont donné de très bons résultats, sauf les radis (bouuhhh les radis !!!). J’ai gagné près d’un mois sur mon calendrier habituel de semis et de récoltes.
Comme je n’ai pas l’opportunité de jardiner en semaine, la serre est restée fermée en permanence (24h/24) depuis son installation jusqu’au début de la canicule. Je n’ouvrais qu’une à 2 heures par semaine pour semer, désherber un peu (assez peu de mauvaises herbes) et arroser. La serre présente un intérêt majeur : elle crée une sorte d’étuve permanente. L’eau d’arrosage s’évapore lors des fortes chaleurs mais elle se condense sur les parois de la serre et retombe au sol, redevenant disponible pour les légumes. J’ai vraiment constaté ce phénomène durant le mois de juin : le reste du jardin était sec, la terre craquelée et croutée mais sous la serre (fermée), la terre restait souple et humide.
Pour l’arrosage, je me suis contentée d’arroser durant les semaines sèche et chaude (juin essentiellement), à raison d’environ 10L d’eau par mètre carré déversés sous le tunnel, au pied des légumes. Lorsque le temps était plus frais et/ou humide, je n’arrosais pas.
Pour tester les capacités de cette serre et mieux comprendre son intérêt, j’ai pas mal expérimenté. Alors que je pensais initialement l’enlever fin mai, je l’ai laissée en place et fermée en permanence jusqu’au début de la canicule de juillet car il est évident que les légumes s’y plaisaient malgré la chaleur étouffante. Lorsque je soulevais la bâche, une vague de chaleur sortait de la serre ! Par curiosité, j’ai mis un thermomètre sous le tunnel : j’ai relevé plus de 50°C !!! Et pourtant la terre était humide, souple et le feuillage de légumes resplendissant.
Bref, tant que l’on conserve cette atmosphère humide, comme une étuve, pas de problème !
J’aurais bien laissé la serre en place encore quelques temps mais j’ai eu un doute lorsque sont apparues les premières fleurs sur les courgettes et les poivrons. La serre étant fermée, comme allait se faire la pollinisation ? Dans le doute j’ai préféré retirer définitivement la bâche pour permettre aux insectes de venir butiner les fleurs.
Je vais probablement remonter la serre fin septembre pour abriter des semis d’automne : salades, épinards, mâche et pourquoi pas retenter quelques radis lorsque le temps sera plus frais.
Au printemps prochain, je ferai des essais de semis dès le mois de mars, notamment quelques salades. Je pense essayer un semis de carottes « primeurs » également.
Et plutôt que d’acheter la plupart de mes plants de tomates et de potiron, je vais essayer de les faire moi-même.
Bref, je suis convaincue. Et si vous l’êtes aussi, je vous invite à visiter le site des Serres Tonneau pour découvrir les nombreux modèles de leur catalogue.
One thought on “Cultiver sous serre …”